Lettre "M"
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MACTE ANIMO !
Courage !
Paroles d'encourapment, qui se retrouvent légèrement modifiées dans ce vers de Virgile (Enéide, livre IX, v. 641) : Macte, nova virtute, puer, sic itur ad astra ! (Courage, enfant, c'est ainsi que l'on arrive aux cieux !).
C'est Apollon qui adresse ces mots au jeune Ascagne.

Louis XVIII avait un faible pour la langue latine. Il s'en servait même dans les circonstances les plus graves et les plus critiques, témoin cette question qu'il adresse à Dupuytren sur l'état du duc de Berry, quelques heures après l'attentat de Louvel, et à laquelle le grand opérateur, qui était meilleur chirurgien que latiniste, ne sut pas répondre. Cette manie royale donna lieu un jour à un quiproquo comique.
On sait que les petits levers furent rétablis sous la Restauration ; Louis XVIII s'y montrait très aimable, très spirituel surtout. Un jour, il congédia ses courtisans par ces deux mots d'encouragement : « Macte animo ! - Tiens ! dit un marquis à l'un de ses voisins, qu'a donc Sa Majesté ce matin ? Elle nous dit marchez, animaux. »
Cette phrase exclamative était la locution favorite de Voltaire ; elle se trouve souvent dans sa correspondance.

J'ai reçu, monsieur, votre lettre du 10 décembre, et, depuis ce temps, une heureuse occasion a fait parvenir jusqu'à moi votre livre de philosophie. Mes louanges vous seront fort inutiles ; je suis un juge bien corrompu. Je pense absolument comme vous presque sur tout. Si l'intérêt de mon opinion ne me rendait pas un peu suspect, je vous dirais : Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. Mais je ne veux pas vous louer, je ne veux que vous remercier.
VOLTAIRE
Lettre à M. le marquis d'Argenson
Cultivez votre génie, mon cher enfant. Je vous y exhorte hardiment, parce que je sais que jamais vos goûts ne vous feront oublier vos devoirs, et que chez vous l'homme, le poète et le philosophe seront également estimables. Je vous aime trop pour vous tromper : Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. En allant ad astra, n'oubliez pas Cirey.
VOLTAIRE
Lettre à Helvétius
On dit que vous avez un fils digne d'un autre siècle, mais non d'un autre père. Il fait de jolis vers : Macte animo, generose puer. Je croyais qu'on ne faisait plus de vers français qu'en Prusse et en Silésie.
VOLTAIRE
Lettre à M. le marquis d'Argenson
Il ne faut que cinq ou six philosophes qui s'entendent pour renverser le colosse. Cette grande mission a déjà d'heureux succès. La vérité gagne au point que j'ai vu, dans ma retraite, des Espagnols et des Portugais détester l'inquisition comme des Français. Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. Autrefois, on aurait dit : Sic itur ad ignem (au feu).
VOLTAIRE
Bonjour mon très cher enfant, je vous serre sur mon coeur. Si je vous voyais, je vous dirais peut-être quelques mots de plus. Macte animo. Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ? Adieu, adieu !
Joseph DE MAISTRE

MAGISTER DIXIT
Le maître l'a dit.
Paroles sacramentelles des scolastiques du Moyen Age, lorsque, à l'instar des disciples de Pythagore, ils appuyaient leur opinion sur l'autorité du maître, Aristote.
On a presque rendu Aristote responsable de l'extravagance de ses enthousiastes. Mais celui qui disait lui-même en parlant de son maître : Je suis un ami de Platon, mais encore plus de la vérité, n'avait pas enseigné aux hommes à préférer l'autorité à l'évidence ; et celui qui leur avait appris le premier à soumettre toutes leurs idées aux formes du raisonnement, n'aurait pas avoué pour disciples des hommes qui croyaient répondre à tout par ce seul mot : Le maître l'a dit.
Cette phrase était en quelque sorte la devise de La Fontaine, dont on connaît le respect pour les Anciens. Veut-il montrer qu'on ne saurait trop égayer une narration : « Il ne s'agit pas ici d'en apporter une raison ; c'est assez que Quintilien l'ait dit. » C'est avec la même docilité qu'il exprime dans la fable le Singe et le Dauphin : Pline le dit, il faut le croire.
On rencontre souvent dans les auteurs latins, ipse dixit (il l'a dit), au lieu de magister dixit. On dit encore, dans le même sens, in verba magistri (par la parole du maître) : Jurer in verba magistri.
Pythagore avait acquis un si grand crédit sur ses disciples, que, sans examiner la vérité et la possibilité de ses opinions, ils les recevaient avec une entière soumission, et lorsqu'on voulait leur en montrer le faux et l'absurde, ils répondaient simplement et ridiculement : Magister dixit.
Le marquis d'ARGENSON
L'homme ne dira plus : Magister dixit. L'homme est émancipé de l'homme. L'homme dira : La vérité dit, la science dit.
P. LEROUX
Discours aux politiques
Aussi, ses élèves ne sont pas réduits, comme les pythagoriciens, à opposer à leurs adversaires, comme la tête de Méduse, le fameux argument : Magister dixit ; ils trouvent, dans leur propre fonds, les raisons de décider les contestations qui leur sont soumises.
Galerie de littérature
Cet hôte qu'on admire, c'est le journal, c'est-à-dire le Siècle, le Constitutionnel ou tel autre, et on ne discute pas contre le journal ! C'est la seule autorité que le temps présent reconnaisse. Il est le juge souverain, le maître incontesté : Magister dixit.
SALVANDY

MAGNAE SPES ALTERA ROMAE
Second espoir de la grande Rome (VIRGILE, Énéide, liv. XII, v. 167).
Hinc pater Aeneas, romanae stirpis origo,
Et juxta Ascanius, magnae apes altera Romae,
Procedunt castris...

« On voit sortir du camp Enée, tige de la race romaine, et son fils Ascagne, l'espérance de Rome après lui... »

Cicéron, après avoir entendu réciter par la comédienne Cythéris l'églogue de Virgile intitulée Silène, où se trouve l'admirable tableau de la philosophie épicurienne, se serait écrié : Magnae spes altera Romae ! Compliment que le prince des orateurs romains s'adressait en partie à lui-même en désignant Virgile comme le second espoir de Rome, c'est-à-dire comme un autre Cicéron en poésie. D'après cette tradition, Virgile aurait pris soin de consigner dans son Enéide, ces flatteuses et prophétiques paroles du grand orateur.

Cicéron, pour quelques vers des Bucoliques qu'il avait entendus, appela Virgile, dans son enthousiasme, le second espoir de Rome, magnae spes altera Romae. Qu'eût-il dit à la lecture de l'Énéide ?
PROUDHON
Il me semble que notre chère nation tourne furieusement, depuis quelques années, à l'opprobre et au ridicule en plus d'un genre. J'ai vu la fin du siècle d'Auguste, et je suis déjà dans le Bas-Empire. Vous qui êtes spes altera Romae, faites revivre le bon goût, combattez hardiment en vers et en prose.
VOLTAIRE
Lettre à La Harpe
Le classique Enée, en sauvant les trésors de la patrie, dans l'incendie de Troie, oublia, il est vrai, la pauvre Créüse... Notre directeur, quel que soit son amour pour la Revue de Paris et ses manuscrits, spes altera Romae, mit d'abord en sûreté sa femme (Il s'agit d'un incendie qui, en 1833, se déclara dans les bureaux du journal).
Chronique de la Revue de Paris

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