Lettre "T"
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THALASSA ! THALASSA !
La mer ! la mer !
Cette exclamation rappelle l'étonnante série de marches militaires qu'on a nommée la retraite des Dix-Mille, et dont Xénophon fut le capitaine et l'historien.
Partis du camp de bataille de Cunaxa, où s'était brisée la fortune de Cyrus le Jeune, les dix mille auxiliaires grecs que ce prince avait pris à sa solde pour combattre son frère, exécutèrent leur retraite en bon ordre, malgré les attaques continuelles des barbares, et après une marche de seize mois à travers les déserts et les montagnes de l'Asie, ils arrivèrent épuisés au sommet de la montagne de Thechès, d'où ils aperçurent le Pont-Euxin. Jamais naufragés ne poussèrent le cri de terre ! avec plus d'ivresse que les Grecs n'en ressentiront à la vue de ces flots qui allaient enfin les conduire dans leur patrie. La mer ! la mer ! s'écrièrent-ils en s'embrassant et en versant des larmes de joie. Il leur fallut cependant combattre encore à travers les montagnes de la Colchide, et ce ne fut qu'après de nouvelles fatigues et de nouveaux dangers qu'ils purent s'embarquer pour retourner en Grèce.
A l'approche de la grande marée du mois de mars dernier, tout le monde voyait en imagination les vagues de l'océan balayant le dessus des falaises de Dieppe et de Cherbourg, et criait comme les soldats de Xénophon : Thalassa ! thalassa !
BABINET

TIMEO DANAOS ET DONA FERENTES
Je crains les Grecs, même quand ils font des présents (VIRGILE, Énéide, liv. II, v. 49).
Le grand prêtre Laocoon cherche à dissuader les Troyens de faire entrer dans leurs murs le cheval de bois que les Grecs avaient perfidement laissé sur le rivage, et dans les flancs duquel ils avaient caché des guerriers.
Dans l'application, ces mots signifient qu'il faut se défier des présents d'un ennemi. Si l'on en croit le Charivari anglais, le Punch, il est prudent même d'étendre cette défiance jusqu'aux présents ... d'un ami. Témoin cette phrase qui renferme une leçon de sage économie : « L'inconvénient de recevoir une bourriche qui vous est envoyée par un ami, c'est que vous êtes forcé de donner un grand dîner pour vous débarrasser de ce cadeau de venaison : Timeo Danaos et dona ferentes. »
L'impuissance organisatrice de l'Assemblée constituante a frayé la voie à la Convention. L'impuissance organisatrice de la Convention a frayé la voie à Napoléon. Napoléon a frayé la voie à Louis XVIII, qui nous a donné l'imitation de la Constitution anglaise qui nous gouverne encore. Timeo Danaos et dona ferentes. Je comparerais volontiers la machine anglaise que nous avons adoptée, au cheval de bois que les Grecs, fatigués de combattre, introduisirent dans les murs d'Ilion.
P. LEROUX
De la Ploutocratie
Les choses en sont venues à ce point, dit l'auteur d'un intéressant ouvrage sur la Hongrie, que la fraction indépendante de la Chambre ne reçoit qu'avec défiance les propositions en apparence les plus franches de l'Autriche, et semble, à toutes ses avances, se rappeler le vers de Virgile : Timeo Danaos et dona ferentes.
Le Siècle
Je ne sais si l'empereur est des nôtres, mais je m'accoutumerai difficilement à ne pas voir la maison d'Autriche avec un vernis de superstition : Timeo Danaos et dona ferent.
D'ALEMBERT
A Voltaire
- Il y a certainement un certain vers latin là-dessus, dit M. deTréville, qui avait une teinte de lettres, et M. de Benserade me le citait l'autre jour... Attendez donc... Ah ! m'y voici : Timeo Danaos et dona ferentes. Ce qui veut dire : Défiez-vous de l'ennemi qui vous fait des présents.
A. DUMAS
Les Trois Mousquetaires
Un académicien a offert aux magnétiseurs dix billets de mille francs, ne leur demandant en retour que des choses très faciles, comme, par exemple, de venir lire devant lui les yeux fermés, ou bien les yeux ouverts, au fond d'une tabatière, opérations qui ne sont qu'un jeu pour eux depuis quelque temps. Ils ont refusé ces offres, qui leur ont paru suspectes. L'argent sans doute n'était pas de refus, mais, venant d'un ennemi, ils ont eu peur de quelque trahison et ont dit comme Laocoon : Timeo Danaos et dona ferentes.
L. PEISSE

TIMEO HOMINEM UNIUS LIBRI
Je crains l'homme d'un seul livre.
Pensée de saint Thomas d'Aquin.
C'est-à-dire un bomme qui n'a lu qu'un seul livre, mais qui le possède bien. En effet, il y a toujours plus de vraie science dans celui qui n'a lu qu'un bon livre, mais qui l'a bien lu, que dans celui qui en a lu beaucoup sans se donner le temps de les méditer.
Sénèque compare ingénieusement le lecteur superficiel qui passe incessamment d'un livre à un autre, sans en approfondir aucun, à un voyageur qui, étant, pour ainsi dire, partout et nulle part, se fait beaucoup de connaissances et pas un ami, multa hospitia, nullas amicitias.
Quelquefois on donne à cette phrase un autre sens : Je crains un homme qui a choisi un livre, qui s'en tient à l'opinion, à la manière de voir d'un auteur, et se montre trop exclusif.
Malgré le proverbe latin, timeo hominem inius libri, une multitude de grands personnages ont manifesté hautement leur prédilection pour certain livre ou pour certain auteur, à I'exclusion absolue de tous les autres.
Ch. NODIER
Nul poète d'un ordre élevé ne saurait être double, incarner en sa personne deux époques, deux principes. Le vrai poète est l'homme d'une idée, homo inius libri.
PROUDHON

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