Lettre "Q"
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QUID->QUOC   QUOD->QUOQ
QUOR->QV

[QUID->QUOC]

QUID DECEAT, QUID NON
Ce qui est bon, ce qui est mauvais.
« Je veux enseigner ce qui fait naître, ce qui forme le poète, à quelle source il faut puiser, ce qui est bon, ce qui est mauvais. »
Je vais faire une petite esquisse du Ballet de l'Hôte et de l'Hôtesse ; je vous enverrai des vers aussi mauvais que j'en faisais autrefois ; vous me paraissiez avoir beaucoup de goût, vous les corrigerez, vous les placerez, vous verrez quid deceat, quid non.
VOLTAIRE
Préface du Bellet de l'Hôte et de l'Hôtesse
J'ignore comment il faut présenter au roi le détail de Fontenoy, l'érection de l'École militaire et les autres événements qui ne peuvent choquer que sa modestie. J'ignore si l'on peut lui présenter cette édition, qui est pourtant la neuvième. Tout ce que je sais, c'est que je prends la liberté de l'adresser à mon protecteur, qui sait mieux que moi quid deceat, quid non.
VOLTAIRE
Lettre à M. de Choiseul

QUIDLIBET AUDENDI POTESTAS
Le droit de tout oser (HORACE, Art poétique, v. 10).
Pictoribus atque poetis, quidlibet audendi semper fuit aequa potestas (Les poètes, comme les peintres, ont toujours joui du droit de tout oser).
Toutefois, Horace se hâte de mettre quelques restrictions à ce droit aux licences poétiques qu'il accorde aux autres et qu'il demande pour lui-même.
Dans l'ode sur la Paix, Racine le fils suppose que le grand ministre Richelieu, entendant l'éloge du sage administrateur Fleury, prononcé par Apollon sur le Parnasse, en conçoit de la jalousie. Le quidlibet audendi accordé aux poètes peut excuser cette fiction un peu adulatoire.
LA HARPE
Bien des historiens autorisent ainsi des faits qui n'ont eu de réalité que dans le cerveau des poètes, à qui il est permis de feindre , d'inventer et de déguiser le vrai : Quidlibet audendi semper fuit potestas.
Le marquis d'ARGENS

QUID NOVI ?
Quoi de nouveau ?
Interrogation familière que deux amis s'adressent volontiers quand ils se rencontrent.
Quand nous résolûmes de sortir de la ville, j'allai voir un échevin de Lyon, pour avoir un billet de sortie pour notre bateau ; il nous fit nos dépêches fort gravement, et après, quittant un peu cette gravité magistrale qu'on doit garder en donnant de telles ordonnances, il nous demanda : Quid novi ? Que dit-on de l'affaire d'Angleterre ?
RACINE
A M. l'abbé Le Vasseur
Les fâcheux partis, M. Groscassand (de la Gironde) poussa un soupir de soulagement et avala rapidement le potage. « Eh bien ! quid novi ? demanda-t-il en se versant à boire ; j'avais quelque chose à vous dire. Ah ! m'y voici. »
Ch. DE BERNARD
Le Pied d'argile
Les peuples qui ont contracté l'habitude des émotions de la vie publique sont avides d'événements et d'impressions. Démosthène nous représente les Athéniens se promenant sur la place publique et se demandant des nouvelles de la santé du roi de Macédoine. Au Forum, les Romains ne s'abordaient pas sans se questionner : Quid novi fert Africa ? (Quoi de nouveau en Afrique ?) Paris a hérité de cette mobilité inquiète du Forum et de l'Agora, il lui faut chaque matin des sensations nouvelles.
Revue de Paris
« N'aurons-nous de vous que des balivernes ? mécrit-on de Bourges. Je veux que vous remplissiez la promesse de votre épigraphe : Quid novi ? Monsieur l'auteur des Révolutions de France et de Brabant? qui ne nous dites pas un mot, je vous somme de tenir votre parole. Quid novi ? »
C. DESMOULINS
Révolutions de France

QUIDQUID DELIRANT REGES, PLECTUNTUR ACHIVI
Les Grecs payent les folies des rois.
Horace (liv. I, ep. II, v. 14) donne à son amis Lollius les raisons de son admiration pour Homère ; il rappelle les principaux épisodes de l'Iliade ; la colère d'Achille et la violence d'Agamemnon, sont pour le poète une occasion de remarquer en passant que « les peuples souffrent toujours des folies de ceux qui les gouvernent. »
La Fontaine s'est inspiré du vers d'Horace quand il a dit :
Hélas ! on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.
Les peuples ne permettront plus qu'on exerce cette profession sanglante de joueurs de quilles humaines. Les rois qui auront cette fantaisie seront invités à se battre eux-mêmes et entre eux ; ce sera au tour des peuples de juger et de faire galerie ; mais ils ne consentiront même plus à parier pour l'un ou pour l'autre. Les Grecs ne veulent plus payer les folies des rois : Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi.
A. KARR
Les Guêpes
Anglais, Français et Chinois n'avaient été entraînés sur le champ de bataille que par la folie et la mauvaise foi du cabinet de Pékin, que les uns n'avaient aucun désir d'aller chercher si loin, et que les autres, je veux dire les Chinois, n'avaient pas grande inclination à soutenir, car pour eux les Mantchoux ne sont guère moins étrangers que les Français, les Anglais ou les Sikhs. Ce n'est pas d'aujourd'hui seulement qu'il est vrai de dire comme le poète : Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi.
X. RAYMOND
journal des Débats
Depuis plusieurs mois, trois mille paysans sont occupés en Russie à préparer une chasse impériale et à prendre vivants force bisons, ours, sangliers, loups, élans, cerfs, renards et taureaux sauvages, qui doivent avoir l'honneur d'être tués par Sa Majesté. Ces préparatifs ont déjà coûté la vie à plus de trois cents paysans ; car ce n'est pas impunément que l'on peut prendre vivants une si grande quantité d'animaux sauvages. Quidquid delirant reges... Quand donc ce vers trop célèbre n'aurait-il plus d'application ?
É. DE LA BÉDOLLIÈRE

QUIDQUID TENTABAM DICERE VERSUS ERAT
Tout ce que je voulais devenait un vers.
Vers d'Ovide qui témoigne de son irrésistible penchant pour la poésie. Le père d'Ovide, ennemi des Muses, voulait à toute force arrêter dans son essor la verve du jeune poète, et lui disait : « Pourquoi te livrer à une étude stérile ? Homère lui-même est mort dans l'indigence. » Mais les arguments n'étaient pas toujours aussi littéraires, et un jour qu'il lui administrait une correction romaine, le faible enfant demandait grâce et promettait, en vers, de ne plus faire de vers : Parce mihi, nunquam versificabo, pater ! (Grâce, mon père, je ne ferai plus de vers !)
Par condescendance pour son père, il voulut écrire en prose. « Mais alors, dit-il, les mots venaient eux-mêmes se placer sous la mesure, et tout ce que je voulais dire en prose était vers. »
Son corps habitait Paris, mais sa pensée était à Rome, à Argos et à Memphis. A cette époque, il avait déjà écrit dix ou douze mille vers ; le vers était devenu le moule de sa pensée : Quidquid tentabam dicere versus erat. Notre homme aurait rendu des points à l'auteur des Métamorphoses. Il ne parlait plus que par hémistiche, et chaque phrase tombée de ses lèvres se façonnait en alexandrin.
E. TEXIER

QUI NESCIT DISSIMULARE, NESCIT REGNARE
Qui ne sait dissimuler, ne sait régner.
Maxime favorite de Louis XI, dont la conduite politique est ainsi appréciée par un historien : « Lorsqu'il était le plus faible, il savait sur toutes choses s'accommoder au temps, faire des traités selon la volonté de ses ennemis, leur céder ses droits et ses prétentions afin de la désunir ; mais quand une fois il avait rompu leur ligue et leur union, il reprenait ce qu'il avait cédé, et ne tenait rien de ce qu'il avait promis. »
Louis XI avait toujours tenu le dauphin son fils, depuis Charles VIII, éloigné de la cour et ne lui avait fait donner aucune Instruction. Il ne voulait pas qu'il sût d'autre latin que ces cinq mots : Qui nescit dissimulare, nescit regnare.
La politique de Gabriel Naudé garde son arrière-pensée à travers tous les temps. A son arrivée en Italie, il était déjà foncièrement de l'avis de Louis XI, et il admettait cet article unique des gouvernants : Qui nescit dissimulare, nescit regnare.
SAINTE-BEUVE
Revue des Deux-Mondes

QUIS NOVUS HIC NOSTRIS SUCCESSIT SEDIBUS HOSPES ?
Quel est ce nouvel hôte entré sous notre toit ? (VIRGILE, Énéide, liv. IV, v. 10).
Didon sent naître un amour pour Énée, elle s'adresse à sa soeur, confidente de ses pensées, et lui parle ainsi : « Ma soeur, quel est cet étranger qui est venu chercher un refuge dans mon palais ? Quelle majesté sur son front ! »
D'ailleurs. la philosophie allemande est tellement inhérente à la civilisation et aux moeurs du pays, que, si vous l'en détachez, partout où elle se heurtera, on la traitera de barbare : Quis novus hic nostris successit sedibus hospes ?
LERMINIER

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