Lettre "A"
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ANCH' IO SON' PITTORE !
Et moi aussi, je suis peintre !
Cette exclamation est un cri naïf de l'âme tout à coup illuminée par l'irruption du charme senti, du ravissement éprouvé, du beau perçu. Le célèbre peintre italien le Corrège, jeune encore et inconnu, la proféra à la vue d'une peinture de Raphaël et dans le premier élan d'une noble ambition : Anch' io son' pittore ! « Et moi aussi, je suis peintre ! »
On dit également en modifiant le dernier mot, selon la circonstance : Anch' io son' poeta ! « Et moi aussi, je suis poète ! »
Au théâtre des Variétés, le nez du jeune Hyacinthe vient d'obtenir encore un succès dans le rôle de Réséda, maçon, poète et communiste. Réséda est un galant manoeuvre que les palmes poétiques cueillies tout récemment par quelques artistes empêchent de dormir. Il s'est écrié à son tour : Anch' io son' poeta ! et, mettant de côté sa truelle et son marteau, il a saisi le trépied et la lyre.
Revue de Paris
Songez donc que les maîtres eux-mêmes et les plus grands, c'est. le plus souvent la vue d'un chef-d'oeuvre qui les a faits maîtres, et que ce beau qu'ils n'avaient pas su voir, ou qu'ils n'avaient vu qu'instinctivement dans la nature, ils l'ont compris, saisi d'un coup et d'une vue, en le rencontrant exprimé sur la toile par un de leurs devanciers : Anch' io son' pittore ! se sont-ils écriés.
TOPFFER

ANGUIS IN HERBA
Le serpent sous l'herbe.
Défiez-vous des apparences les plus séduisantes, elles ne recouvrent bien souvent que chagrins et déceptions ; le chemin du plaisir est attrayant et fleuri, mais latet anguis in herbas (Le serpent se cache sous l'herbe).
Ces métaphores comiques d'un financier en détresse cachent, comme de juste, une demande d'argent, anguis in herba, qu'il ne découvre que dans son discours suivant.
LANFREY
Peu à peu tout s'est apaisé. On boit, on mange comme de coutume, mais je pense que les fleurs cachent quelquefois des serpents ; qu'en dites-vous ? anguis in herba ; je veille donc sur les fleurs.
A. MAQUET
Madame Sand devina peut-être que les doctrines subversives, cachées jusque-là dans ses pages sentimentales et pittoresques, comme un serpent dans l'herbe, anguis in herba, allaient passer du monde des rêveries dans celui des faits.
DE PONTMARTIN

ANIMUS MEMINISSE HORRET
Mon âme frémit d'horreur au souvenir (VIRGILE, Énéide, liv. II, v. 12).
Énée commence le récit de la ruine de Troie ; tous ses souvenirs douloureux se réveillent et lui arrachent ce cri : Animus meminisse horret.
Virgile a imité le début de l'Odyssée ; c'est à peu près en ces termes qu'Ulysse, à la table d'Alcinoüs, commence le long récit de ses voyages et de ses malheurs.
C'est ainsi que, dans la Henriade, lorsque Élisabeth veut connaître le tableau des malheurs de la France, Henri s'écrie :
Faut-il que ma mémoire
Rappelle de ces temps la déplorable histoire ?
Mon coeur frémit encore à ce seul souvenir ;
Mais vous me l'ordonnez, il faut vous obéir.
Je ne vous dis rien de tout ce qui vient de se passer : Animus meminisse horret ! Ce n'est pas qu'il n'y eût beaucoup à dire, et dans un sens fort éloigné des lamentations ordinaires.
Joseph de MAISTRE

ANNIBAL AD PORTAS
Annibal est à nos portes.
Cri d'alarme des Romains après la bataille de Cannes. Ils le faisaient entendre toutes les fois que le péril était imminent. Ces mots se sont trouvés souvent dans la bouche des orateurs politiques, dans les moments où quelque grande catastrophe semblait à craindre. On rencontre cette expression dans Tite-Live, Florus, Juvénal, Valère-Maxime, Plutarque. Au lieu d'Annibal, les orateurs mettent souvent Catilina.
Mirabeau termine un de ses discours les plus éloquents par ces mots : « Eh ! messieurs, à propos d'une ridicule motion du Palais-Royal, d'une risible incursion qui n'eut jamais d'importance que dans les imaginations faibles ou les desseins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : Catilina est aux portes de Rome, et l'on délibère ! Et certes, il n'y avait autour de nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome. Mais aujourd'hui la banqueroute., la hideuse banqueroute est là ; elle menace de consumer, vous, vos propriétés, vos familles, votre honneur ; et vous délibérez !!! »
Carthage franchit les Alpes, Rome passe les mers. Les deux peuples, personnifiés en deux hommes, Annibal et Scipion, s'étreignent et s'acharnent pour en finir. C'est un duel à outrance, un combat à mort. Rome chancelle, elle pousse un cri d'angoisse : Annibal ad portas ! Mais elle se relève, épuise ses forces par un dernier coup, se jette sur Carthage et l'efface du monde.
V. HUGO

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