Lettre "P"
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PLAUDITE, CIVES !
Citoyens, applaudissez !
Les Romains, assemblés au théâtre, écoutaient les poètes et les applaudissaient avec transport, et les poètes ne rougissaient pas de leur demander avec une noble audace la digne récompense du fruit de leurs veilles, par cette formule ou d'autres équivalentes : Plaudite, cives !
Je ne m'inquiète point du plaudite, écrivait la reine Christine à Chanut ; il est difficile qu'un dessein mâle et vigoureux plaise à tout le monde.
D'ALEMBERT
Mémoires de Christine
Breloque se tenait là, ferme du jarret, le poignet à la hanche, le front haut et l'oeil assuré, comme un acteur tragique du premier théâtre qui semble proférer le plaudite, cives !
Ch. NODIER

PLURIMA MORTIS IMAGO
La mort sous mille aspects (VIRGILE, Énéide, liv. III, vers 369).
Énée fait à Didon la peinture de la dernière nuit de Troie : Partout le deuil, partout la terreur, partout la mort sous mille aspects.
Il n'y a point en ce monde une route plus mélancolique que la Voie douloureuse. L'aspect lugubre des lieux que l'on traverse ajoute encore les tristesses du présent au deuil du passé : partout la désolation et la ruine ; la trace du fer et du feu ; le souvenir du sang et des larmes ; partout une image de mort : Plurima mortis imago.
L. ÉNAULT

POETE, NON DOLET
Poetus, ce n'est pas douloureux.
Cécina Poetus, personnage consulaire, se trouva engagé dans la révolte malheureuse de Scribonianus contre l'empereur Claude. Arria, femme de Poetus, n'ayant aucun espoir de sauver son mari et voyant qu'il n'avait pas le courage de se donner la mort, prit un poignard, se l'enfonça dans le sein, et, le retirant, elIe le lui présenta en disant froidement : « Poete, non dolet ; Poetus, ce n'est pas douloureux. » Poetus se donna la mort, à l'exemple de sa femme.
L'effusion du sang n'est rien, c'est la cause qui le fait répandre qu'il faut considérer. Souvenez-vous de cette Romaine qui, s'essayant au suicide, disait à son mari menacé par le tyran : Poete, non dolet ; Poetus, cela ne fait pas de mal.
PROUDHON
De la Paix et de la Guerre
Gaston de Neuil , s'il avait eu trente ans, se serait enivré ; mais ce jeune homme, encore naïf, ne connaissait ni les ressources de l'expérience, ni les expédients de l'extrême civilisation. Il n'avait pas là près de lui un de ces bons amis de Paris qui savent si bien vous dire : Poete, non dolet, en vous tendant une bouteille de vin de Champagne.
BALZAC
La Femme abandonnée

POST EQUITEM SEDET ATRA CURA
Le noir souci monte derrière le cavalier.
En vain, nous dit Horace (liv. III, ode I, v. 40), vous quittez la ville pour la campagne, et les champs pour la ville, vous fuyez votre ennemi, l'ennui, le noir souci ; vain espoir, dès que vous êtes à cheval pour partir, il s'élance en croupe.
Boileau a dit après Horace : Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.
On connaît aussi ces jolis vers que Delille place dans la bouche d'un riche fatigué de tout :
« Que la ville m'ennuie !
Volons aux champs : c'est là qu'on jouit de la vie,
Qu'on est heureux. » Il part, vole, arrive ; l'ennui
Le reçoit à la grille et se traîne avec lui
.
Ceux qui cherchent à tromper leur ennui par les voyages sont déçus dans leur attente : Post equitem sedet atra cura.
GERUZEZ
L'ambition, l'avarice, l'irrésolution, la peur et les concupiscences ne nous abandonnent point, pour changer de contrée : Post equitem sedet atra cura.
MONTAIGNE
Les écoliers étaient grimpés sur l'entablement des fenêtres, dans la grande salle du Palais de Justice, attendant avec impatience le mystère que l'on devait célébrer au douzième coup de midi. Pour se désennuyer, ils lançaient des quolibets aux passants.
- Camarades, dit Jean, maître Simon, l'électeur de Picardie ; il a sa femme en croupe : Post equitem sedet atra sura.
V. HUGO
Notre-Dame de Paris
On prête ce mot à Danton : « J'ai été porté au ministère de la justice par un boulet de canon », mais on peut en suspecter l'authenticité. Un boulet de canon, c'est la monture d'un homme comme Bonaparte ; quant à Danton, il est arrivé là en croupe derrière Robespierre et Marat : Post equitem sedet atra cura.
Revue de Paris

POST HOC, ERGO PROPTER HOC
A la suite de cela, donc à cause de cela.
Formule par laquelle on désignait, dans les disputes de la scolastique, l'erreur qui consiste à prendre pour cause ce qui n'est pas cause. C'est une des plus fréquentes erreurs de l'esprit humain. L'année 1811, par exemple, a été marquée par l'apparition d'une brillante comète, suivie d'une abondante récolte en vin. Combien de gens ont été persuadés que c'était à la comètë qu'on devait la récolte, et que la comète amènait le bon vin !
Souvent après qu'une comète a paru dans le ciel, il arrive quelqu'un de ces accidents auxquels les hommes sont exposés comme la peste, la famine... Cette comète n'a aucune liaison physique avec ces événements ; cependant le peuple regarde la comète comme la cause de l'événement : Post hoc, ergo propter hoc. C'est un sophisme populaire.
BOULET
Philosophie
Une des erreurs les plus communes, c'est de prendre les suites pour des conséquences : Post hoc, ergo propter hoc. C'est comme si l'on accusait la terre d'être la cause de l'ivresse, parce qu'elle produit tous les ans des liqueurs enivrantes ; d'être la cause de la mort, parce qu'elle fait naître des plantes vénéneuses.
Revue de Paris
Mais je dois revenir sur une objection, à laquelle il faut une bonne fois répondre : « C'est toujours, me dit-on, le même sophisme : Post hoc, ergo propter hoc. Parce que l'état primitif de l'homme a été la sauvagerie et la guerre, on veut que la guerre soit le principe de tout ce que l'hmme a tiré ensuite du trésor de sa conscience et de sa raison. »
PROUDHON
La Paix et la Guerre

POST MORTEM NIHIL EST
Après la mort il n'y a rien.
Cette phrase, traduite de Platon, aurait joué, si l'on en croit quelques commentateurs, un certain rôle dans le procès qui livra au bûcher l'imprimeur Étienne Dolet. Il avait ajouté à la pensée du philosophe grec ces deux mots du tout : « Après la mort, tu ne seras plus rien du tout » Cette malheureuse addition fut considérée comme une profession d'athéisme, et l'infortuné Dolet fut brûlé le 3 août 1546, sur la place Maubert, à Paris.
Les païens n'avaient pas un seul article de foi pour lequel il valût la peine de se battre ; ils supposaient tous que l'âme périssait avec le corps ; la formule post mortem nihil est était leur symbole.
STERNE

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