Lettre "O"
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O QUANTUM EST IN REBUS INANE !
O néant des choses de ce monde !
Début de la première satire de Perse : O curas hominum ! O quantum est in rebus insane ! (O vains soucis des hommes ! Que de néant dans les choses de ce monde !)
Que l'on compare à la vie de Cromwell celle de Newton, qui a vécu quatre-vingt-quatre années, toujours tranquille, toujours honoré, toujours la lumière de tous les êtres pensants, voyant augmenter chaque jour sa renommée, sa réputation, sa fortune, sans avoir jamais ni soins ni remords, et qu'on juge lequel a été le mieux partagé. O curas hominum ! O quantum est in rebus inane !
VOLTAIRE
Dictionnaire philosophique
...Et de ces vingt pages, ôtez les choses dont aucun honnête homme ne se soucie aujourd'hui, il ne restera rien : O quantum est in rebus inane !
VOLTAIRE
On a su, par un des amis particuliers de Rousseau, que c'est pour éteindre son imagmiation qu'il s'attacha si fort à l'étude de la botanique, et qu'il s'était imposé, comme une oeuvre de pénitence, la tâche singulière de copier de sa main toute l'histoire de France de Mézeray : O curas hominum ! O quantum est in rebus inane !
GRIMM
Correspondance littéraire

ORE ROTUNDO
La bouche bien ouverte (HORACE, Art poétique, vers 323).
Gralis ingenium,
Gralis dedit ore rotundo Musa loqui.

(La muse a donné aux Grecs le génie, la parole retentissante). Littérairement : La muse a donné aux Grecs de parler en arrondissant la bouche.
En écrivant ces vers, le poète ne pensait pas seulement à la plénitude de la période oratoire des Grecs et à la sonorité de leur débit, mais surtout à l'éloquence de leurs orateurs et de leurs poètes. Plutarque a dit : des mots ronds et faits au tour. Aristophane, en parlant d'Euripide, dit : Ego rotunditate ejus oris fruor, je jouis des beautés et des grâces de son langage. Cette beauté et ces grâces de langage étaient surtout le partage des Athéniens ; aussi l'accent étranger du Lesbien Théophraste étonnait-il la marchande d'herbes d'Athènes.
Les Grecs, quibus dedit ore rotunda musa loqui, nés sous un ciel plus heureux, et favorisés, par la nature, d'organes plus délicats que les autres nations, formèrent une langue dont toutes les syllabes pouvaient, par leur longueur et leur brièveté, exprimer les sentiments lents ou impétueux de l'âme.
VOLTAIRE
Le français est la forme la plus parfaite qu'ait revêtue le verbe humain. Une articulation nette, ferme, posée, débarassée des aspirationsi des sons gutturaux, des sifffements, de tous ces jeux de larynx dont se compose le choeur de l'animalité bêlante, mugissante, grognante, souffrante, hurlante, miaulante, et croassante ; une prononciation enfin, comme les Anciens la rêvaient, pour les dieux, qui parlaient sans grimace, ore rotundo : voilà ce qui distingue notre langue parlée.
PROUDHON
C'est un chef-d'oeuvre que ce discours, un chef-d'oeuvre de moquerie exquise et cruelle. Chaque mot cache un dard, chaque révérence déguise une malice ; il n'est pas une phrase qui ne soit à double tranchant. L'encensoir manié comme une fronde, y frappe la victime à coups redoublés ; le plaisant est que l'évêque ne vit que I'encens et l'avala ore rotundo.
Paul DE SAINT-VICTOR

O RUS, QUANDO EGO TE ASPICIAM !
O campagne, quand te reverrai-je !
Fatigué du bruit de la ville, Horace (livre Il,, sat. VI, v. 60) aspire au repos des champs :
O rus ! quando ego te aspiciam, quandoque licebit
Nunc veterum libris, nunc somno et inertibus horis
Ducere sollicitae jucunda oblivia vitae
.
« O campagne, quand te reverrai-je ? Quand pourrai-je, dans la lecture de des vieux auteurs, dans le sommeil ou la paresse, oublier doucement les fatigues de la vie. » Bien souvent on a répété l'exclamation d'Horace.
Je serai au mois d'août à la Brède : O rus, quando te aspiciam ?
MONTESQUIEU
Lettres

OS HABENT, ET NON LOQUENTUR
Ils ont une bouche, et ne parleront pas.
VOIR Manus habent, et non palpabunt.
Le héros lève les yeux au ciel, étend les bras, se campe sur ses jarrets, il ouvre la bouche et reste muet, muet comme une carpe, comme un hareng salé : l'instrument rebelle a refusé le si bémol tant désiré, os habent et non clamabunt. Rubini se trouvait dans la positions de ces malheureux dont parle le Psalmiste ; il avait une bouche, mais elle s'ouvrait sans rompre le silence.
CASTIL-BLAZE

OS HOMINI SUBLIME DEDIT
Il a donné à l'homme un visage élevé - vers le ciel.
Os homini sublime dedit, coelumque tueri, Jussit et erectos ad sidera tollere vultus (Dieu a donné à l'homme un visage élevé vers le ciel et lui a ordonné d'élever son front vers les astres).
Ovide racontant les merveilles de la création, arrive à l'homme. « A lui seul, dit le poète, Dieu a donné un visage qui s'élève vers les cieux, tandis que toutes Ies autres créatures inclinent la tête vers la terre. »
Les matelots et les pêcheurs se distinguent des autres hommes par la manière dont ils portent la tête haute en marchant. C'est pour eux, on le dirait du moins, qu'a été fait le vers d'Ovide : Os homini sublime dedit...
A. ESQUIROS
C'est après Platon que, pour la première fois, l'homme dans notre occident eut vraiment la face tournée vers le ciel : Os homini sublime dedit. Car la révélation de cet attrait vers le beau, fut la révélation de ce que l'on a appelé le ciel.
Pierre LEROUX
Humanité
Le but de la Providence dans le travail d'identification qui s'opère dans le monde, c'est de faire en sorte que chaque jour il y ait un plus grand nombre d'hommes qui soient dignes de ce nom ; que chaque jour plus de regards s'élèvent vers le ciel, car telle est la destinée de l'homme : Coelumque tueri jussit, et erectos ad sidera tollere vultus.
SAINT-MARC-GIRARDIN

OS MAGNA SONATURUM
Bouche à la parole retentissante (HORACE, liv. I, sat. IV, vers 42).
Ingenium cui ait, cui mens divinior, atque os
Magna sonaturum, des nominis hujus honorem

« Celui qui a le génie, l'inspiration divine, l'éloquence sublime, celui-là mérite le nom de poète. »
Dans lequel de nos poètes trouve-t-on l'os magna sonaturum et le ut pictura poesis (voir cette expression) d'Horace ? Les étrangers, qui lisent avec délices Virgile, Homère, ne lisent qu'avec dégoût vos meilleurs vers. Corneille et Racine leur plaisent, non comme poètes et versificateurs, mais comme esprits supérieurs dans l'art d'exciter les passions par la seule force de la vérité.
CASTIL-BLAZE
L'orateur n'avait pas eu le temps de se préparer, mais on voyait rayonner sur son visage une sorte d'ardeur surhumaine qui rappelait à tous l'os magna sonaturum du poète ; un frémissemement électrique parcourut l'immense auditoire, lorsque l'évêque d'Orléans s'écria en montrant cette bière recouverte de ce morceau de drap noir : « Il est là, il vit, il nous parle encore ! »
DE PONTMARTIN
Causeries littéraires

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